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Camille Paulhan
À l'occasion du catague Félicità18 des Beaux-Arts de Paris, 2018

 

Les œuvres de Julia Haumont marquent, comme on dit de certaines peaux qu’elles marquent plus que d’autres. Il ne faudrait pas se fier trop vite aux visages délicats et mélancoliques des enfants qu’elle représente, ou aux couleurs pastel de ses dessins. Sous la surface, la cruauté incube. Les matières sont la plupart du temps altérées, comme la toile à beurre sur laquelle elle dessine ou estampe, qu’elle effiloche avant de suturer – et ce ne sont pas les paillettes ou les sequins dont elle use qui font oublier le travail lent et amer de la couture. Par ailleurs, les céramiques qui la représentent enfant, occupée à scruter ses comparses ou à compter les points d’un jeu qui nous échappe, ne semblent-elles pas recouvertes d’hématomes discrets? Julia Haumont dit aimer les techniques qui permettent de figer une matière sur une autre : eau-forte, broderie, teinture sur toile, céramique émaillée... Pourtant, rien de lourd dans son travail, mais une fragilité déconcertante mêlée de détermination, qui rappelle celle des petites filles face à la Catherine Legrand de L’opoponax de Monique Wittig :
 

« On la regarde sans bouger. On ne peut pas l’aider.»

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